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COLMAR.

admirables, on m’en raconte des traits bien touchants dans leur naïveté. Ces braves gens ont fondé des réunions du soir où ils s’interdisent de prononcer un seul mot d’allemand. Mais comme la plupart ne savent pas le français, leur règlement, en fait, les condamne au silence. N’importe, ils tiennent bon ; ils passent leurs soirées à fumer une pauvre pipe en vidant un verre de bière, sans mot dire. De temps à autre, une grosse voix s’écrie, avec l’accent que vous savez : « C’est égal, sacrebleu, vive la France ! » Et l’on répond en chœur : « Vive la France ! » Voilà les divertissements populaires de Mulhouse en octobre 1871 !

Je ne pouvais pas visiter cette admirable ville sans pousser jusqu’à Dornach et sans voir la photographie de M. Braun, unique en Europe.

M. Braun est un artiste que les circonstances ont transformé en grand industriel. Il a fondé aux portes de Mulhouse une vaste et magnifique usine où tous les chefs-d’œuvre des galeries publiques sont reproduits, multipliés, vulgarisés sans passer par l’interprétation toujours malheureuse du copiste. Plus de 300,000 clichés obtenus directement comme des planches gravées par la lumière elle-même, servent à tirer des millions d’épreuves exactes, parfaites et ineffaçables. Toutes les fresques de l’Italie, tous les tableaux des musées, tous les cartons et les dessins des grands