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COLMAR.

cantonnements et les quitter le lendemain pour battre la campagne. Il s’éloignait généralement le samedi, comme s’il eût spéculé sur le chômage du dimanche pour amener un conflit entre les ouvriers et les patrons : on sortait d’une grève terrible. Mais le patriotisme des ouvriers déjoua tous calculs. Seulement, un samedi soir, dans ce malheureux mois d’octobre, tandis que le 81e de ligne sortait de la ville sous les ordres du colonel von Loos, la population des fabriques échangea quelques mots désagréables avec l’arrière-garde. La légende prétend que le dernier fourgon, chargé d’un butin suspect, avait provoqué des observations malsonnantes. Les soldats répondirent de leur mieux, mais quand ils furent à bout de raisons, ils tirèrent sur la foule. Quelques victimes périrent, et dans le nombre un Suisse, et deux Badois. Cette échauffourée se produisit aux environs de la filature Kœchlin-Schwartz.

Huit jours après, quand la très-légitime irritation du peuple commençait à se calmer, ce beau 81e prussien reparut, colonel en tête, et, prenant position devant la manufacture, il fit savoir aux autorités qu’en réparation de l’outrage commis envers les soldats du roi, il réclamait 50,000 francs, 5,000 chemises de flanelle, 80 paires de chevaux attelés à 80 charrettes, et divers autres approvisionnements, le tout livrable dans une heure.