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COLMAR.

tout quitté pour se jeter dans les ambulances et bientôt après dans l’armée. Entre ces deux campagnes également courageuses, il a trouvé le temps d’écrire sur le pouce un charmant petit livre intitulé : De Reichshofen à Sedan. Aujourd’hui, il s’apprête à choisir une nouvelle carrière. Laquelle ? je ne sais ; il l’ignore lui-même, mais il émigrera en France avant le 1er octobre prochain, voilà qui est sûr. Et il affirme que toute la haute industrie, sauf quelques rares et scandaleuses exceptions, est aussi française que lui.

Parmi les réflexions qu’il nous a communiquées ce soir, en voici une que j’ai notée : « Lorsqu’on dit : Il n’y a qu’une France au monde, on a l’air de rabâcher un truism vide de sens. Et pourtant admirez la force d’attraction que la patrie française exerce sur nous ! Il n’y a pas plus de soixante-treize ans que Mulhouse, ville libre, alliée des treize cantons, s’est réunie à la France dans un intérêt purement commercial. La France nous a cédés à son vainqueur sans avoir pu nous défendre, sans nous avoir donné les moyens de nous défendre nous-mêmes, car dix mille fusils à piston ne sont pas des armes sérieuses devant le dreyse et le krupp. Nos intérêts commerciaux ont été jetés par-dessus bord avec une désinvolture étonnante par le gouvernement de Versailles : c’est tout au plus si l’on a ménagé une