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ALSACE.

quelques noms, toujours les mêmes : c’est Dollfus, c’est Kœchlin, c’est Mieg, c’est Siegfried, c’est Thierry ; j’en passe ; une douzaine de familles dont quelques-unes possèdent dix ou quinze millions, sont comme les fondements sur lesquels la ville est bâtie. Mais la pierre angulaire est M. Jean Dollfus, que les riches et les pauvres désignent familièrement sous le nom du père Jean, d’abord parce qu’il est un des pères de l’industrie moderne, et surtout parce qu’il a été, durant une, longue carrière, le père de ses ouvriers et de ses administrés. Il est bien difficile de faire cinquante pas dans Mulhouse sans rencontrer la trace de ce vieux roi débonnaire que le suffrage universel a stupidement détrôné en 1869.

Cette journée active et presque trop bien remplie se termina délicieusement. Je me vois encore au milieu de la famille Delmas-Thierry, après un de ces dîners dont la cuisine provinciale a gardé le secret. Dans un salon d’une élégance toute parisienne, deux belles jeunes femmes, vêtues de noir, portaient au col un nœud tricolore ; le maître du logis avait sa boutonnière ornée du modeste ruban de la médaille militaire. Riche, heureux, père de deux jolis enfants, allié à une des grandes familles de Mulhouse, engagé personnellement dans une usine de premier ordre, agent consulaire d’une grande nation, ce jeune homme a