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ALSACE.

briques, de belles maisons, entourées de jardins agréables. Ceux qui avaient le plus d’argent et de temps se sont donné des parcs et des châteaux dans la banlieue. La physionomie générale de ces habilitations, tant à la ville qu’à la campagne, est sérieuse, discrète et digne ; on y sent la gravité des mœurs protestantes et le voisinage de la Suisse. Aucun sacrifice à la montre, rien qui puisse éveiller l’envie dans le cœur des passants ; mais on devine un intérieur confortable. Nous sommes dans une ruche de bourgeois laborieux, qui se marient de bonne heure, qui ont beaucoup d’enfants et qui vivent en famille. Un désœuvré serait de trop ici, il ne saurait où passer son temps ; on n’y connaît que les plaisirs sévères ; on y voit des musées, des écoles, des bibliothèques, des laboratoires, une salle de conférences, et point de théâtre. Le casino, grandiose et bien décoré, éteint son gaz bien avant l’heure où les clubs s’éveillent à Paris. La jolie promenade du Tannenwald est déserte en semaine, je n’y ai rencontré qu’un jeune prêtre qui disait son bréviaire.

Après la ville des patrons, j’avais visité en détail les cités ouvrières, ce chef-d’œuvre de quelques hommes de bien qui sont par surcroît des gens d’esprit. En aucun lieu du monde, on n’a tant et si bien travaillé à réconcilier les prolétaires avec leur sort et à les élever peu à peu vers une condi-