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ALSACE.

plus Français. Il ne tardera guère à solliciter un emploi pour mieux servir l’Alsace, et un traitement en thalers pour reprendre une partie de nos cinq milliards ; et il tombera dans le marécage où les Kern, les Dollinger, les Traut et les Klœckler barbotent, le bec ouvert, comme des canards ivres de boue.

Mais grâce à Dieu l’honnête population du Haut-Rhin met la patrie au-dessus de tous les intérêts. Non-seulement elle refuse à l’ennemi tout ce qu’elle peut lui refuser sans risque ; elle tient les Allemands à l’écart, elle leur interdit l’entrée des cercles et de toutes les réunions privées, elle a trouvé moyen de les exclure à Colmar de la société de chasse, à Mulhouse de la société d’équitation et de la société d’horticulture ; mais encore il se trouve dans cet admirable pays des hommes assez courageux pour sacrifier leur fortune entière plutôt que de céder à l’ennemi. Un digne notaire de Colmar, le plus capable et le plus estimé de tous, a déclaré qu’il abandonnerait son étude, c’est-à-dire un revenu de 20 à 25,000 francs, le jour où il faudrait prêter serment au roi Guillaume. On assure que tous ses collègues, entraînés par l’exemple, ont pris le même engagement les uns envers les autres, et qu’ils se sont même interdit de discuter séparément avec l’autorité prussienne les intérêts et les droits de leur corporation.