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COLMAR.

ou mal. Celui-ci, me dit-on, a deux systèmes de défense selon l’occasion, c’est-à-dire selon les gens. Il dit aux uns : Mes vieux parents mourraient de nostalgie s’il leur fallait quitter le pays ; la tendresse et le devoir me défendent de les y laisser seuls et ma fortune ne me permet pas de vivre sans rien faire. Il dit à d’autres qu’en acceptant le service du gouvernement prussien, il a prouvé son dévouement à la patrie alsacienne, que tout bon citoyen devrait agir ainsi et que si tout le monde s’enfuit à qui mieux mieux, l’Alsace dans deux ans le sera plus elle-même.

Méfions-nous de cette théorie, et tenons-nous en garde contre ceux qui nous disent : Je suis Alsacien avant tout ! Notre plus dangereux ennemi, pour le moment, n’est pas M. de Bismark, c’est le particularisme adopté par quelques hommes trop intelligents, dans l’intérêt de leur fortune privée. Tel avocat illustre, tel ancien député de la démocratie alsacienne, tel puissant manufacturier, affichent une étrange impartialité, et se tiennent entre la France et l’Allemagne, sans pencher d’un côté, ni de l’autre, comme autrefois le journal le Siècle entre Versailles et la Commune. Il faut combattre énergiquement cette tendance et prouver que le patriotisme alsacien, au point où nous en sommes, est l’antipode du patriotisme. L’homme qui dit : Je suis Alsacien avant tout ! n’est déjà