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COLMAR.

L’armistice signé, la paix votée, quelques-uns reviennent au gîte sans savoir s’ils y resteront plus d’un an ; beaucoup s’éloignent sans esprit de retour, la ville est pleine de maisons à vendre et de maisons à louer. La cour d’appel et le tribunal se peuplent d’Allemands entremêlés de quelques renégats ; les gens de cœur abandonnent leurs sièges ; quelques-uns sont brutalement expulsés par l’ennemi.

Il serait naturel, il serait même de stricte justice, que tout avancement fût suspendu dans la magistrature tant que les Alsaciens et les Lorrains ne seront pas replacés. Mais on n’a pas songé à prendre cette décision au ministère, et bon nombre de juges et de conseillers très-méritants restent encore sur le pavé. Quelques-uns sont soutenus tant bien que mal par des indemnités temporaires ; d’autres ont épuisé leurs dernières ressources et ne vivent que d’emprunts. Il serait grand temps d’aviser ; je ne sais pas si le gouvernement de Versailles est éclairé sur l’horreur de cette situation.

Mes voisins de wagon me livrent un détail curieux sur les renégats de la Cour. Il paraît qu’au début de la guerre, ces messieurs escomptaient la victoire en se partageant par avance les meilleurs sièges des provinces rhénanes : l’un prenait Trêves, l’autre Mayence, celui-ci plus modeste, se conten-