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ALSACE.

relative, exprime si librement en public sa haine et son mépris du vainqueur.

On me raconte l’entrée des Badois à Colmar, la résistance qu’il ont rencontrée au pont de Horbourg, la mort de quelques braves gardes nationnaux, qui, soutenus par une ou deux compagnies de francs-tireurs, sauvèrent au moins l’honneur de la ville.

L’histoire des réquisitions vient ensuite ; il y en a d’odieuses par l’exagération et de plaisantes par la forme. L’état-major victorieux n’a pas requis ici, comme à Mulhouse, trente kilogrammes d’un baume adopté par la thérapeutique secrète, mais il a réclamé 5,000 gilets de flanelle pour ces braves Badois, que les coups de poing et les coups de pieds de leurs chefs ne réchauffaient pas suffisamment, parait-il. Et comme le maire jurait que 5,000 gilets de flanelle ne s’étaient jamais trouvés réunis dans la ville, l’officier déroula la liste des drapiers de Colmar, et dit fièrement en français : « Donnez toujours l’étoffe ; quant aux gilets, nous les construirons déjà. »

Tandis que les Allemands prennent soin de leurs lourdes personnes et passent un hiver agréable à nos frais, la jeunesse de la ville émigre en masse vers l’armée française ; les fils de famille et les pauvres gens, pêle-mêle, vont tuer des Prussiens sur la Loire, ou se faire tuer.