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ALSACE.

— Pour deux sous, quoi ?…

— Pour deux sous, monsieur, je vous porterai ce morceau de fer qui vous gêne.

Aujourd’hui, le jeu favori de la marmaille est la petite guerre. On se divise en deux camps, derrière la préfecture : les uns font les Prussiens, les autres sont les Français, et lorsque les Prussiens ont l’avantage, ils retournent les poches des vaincus. Un officier ennemi rencontre un gamin tout en larmes. « Qu’as-tu donc, mon bonhomme ?

— J’ai, monsieur l’officier, que j’avais trois sous dans ma poche, et que les Prussiens me les ont volés : ils n’en font jamais d’autres ! »

Les cocardes tricolores, les képis, la Marseillaise, les cris de Vive la France ! vont leur train à Colmar comme par toute l’Alsace, Les manifestations pacifiques, et d’autant plus agaçantes pour l’ennemi, s’y succèdent de jour en jour. Un capitaine français épouse une jeune fille de la ville ; toute la population s’invite aux noces, emplit l’église et l’assiège avec des bouquets d’immortelles et autres accessoires symboliques. Une fille majeure et séchée sur pied, sans grâce, sans beauté, sans esprit, brouillée avec toute une moitié du genre humain à la suite de plusieurs mariages manqués, se jette à la tête d’un officier allemand et l’épouse. Aussitôt le quatrain suivant est mis en circulation dans la ville :