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ALSACE.

voyage, c’est un peu la nécessité qui donne tant d’esprit à ces gens-là. La vie est chère dans le Haut-Rhin, pays riche, et le bon temps des Tagegelder est passé. Lorsque le plus modeste lieutenant recevait tous les jours 12 fr. 50 d’argent de poche, on faisait sauter les bouchons. Depuis que la population des villes n’est plus contrainte de donner pour boire à ses vainqueurs, on a vu les vainqueurs dégringoler d’hôtel en hôtel jusqu’aux auberges du dernier ordre, et finalement installer une malheureuse popote pour laquelle ils demandent une cuisinière dans le journal. Les magistrats de la Cour, obérés par la dépense de chapeaux neufs (ils étaient arrivés en chapeaux mous) sont en instance pour obtenir une réduction de cinquante centimes sur le tarif de la table d’hôte.

Ces pauvres magistrats n’ont pas échappé à la fatalité des pendules qui poursuit les Allemands depuis le début de la guerre. Le premier président, par mégarde, ou plutôt par instinct, a fait main-base sur un magnifique cartel qui décorait la salle des séances, pour en orner son cabinet. Les mauvais plaisants disent qu’il demande tous les jours à voir le ressort de Colmar, dont on parle partout et qu’on ne montre jamais.

Ce qui n’est pas de pure invention, c’est que, les employés des finances prussiennes s’étant fait représenter les quittances d’impôt de 1869, et ayant