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COLMAR.

qu’il eut incendié la bibliothèque de Strasbourg !

On cite quelques officiers allemands comme de vrais scapins armés en guerre. Il est certain que l’histoire du sopha est un trait d’avarice ingénieuse que Molière n’eût pas inventée. Voici le fait :

Le major prussien X… marchandait depuis quinze jours un appartement de deux chambres meublées. Après un débat acharné, on s’était mis d’accord sur le chiffre de trente francs par mois, mais au moment de conclure, le major se frappe le front.

— Un moment ! dit-il. Je vais avoir des visites à faire ; on me les rendra : il faut donc que vous me donniez un sopha.

Le propriétaire réfléchit et dit :

— Soit, je puis faire ce que vous désirez.

— Sans augmentation de prix ?

— Assurément.

— J’en prends acte. Mais le sopha ne me sera utile que pendant un mois, car une fois les visites échangées…

— Soit, on vous l’ôtera dès que vous n’en voudrez plus.

— Mais alors, vous me ferez une réduction de trois francs par mois.

— À quel propos, grand Dieu ?

— Tiens ! parce que je n’aurai plus le sopha. Si j’en crois les récits de mes compagnons de