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un petit peuple indépendant, éclairé, laborieux, honnête, pacifique et prospère.

Il n’est pas facile de dire ce que notre pays eût pensé et résolu au lendemain d’un tel fait. Qui sait si cette France meurtrie, rançonnée et démembrée ne se fût pas, elle aussi, résignée à son triste sort ? Les vieilles nations sont sujettes à s’endormir dans leur infortune lorsqu’elle n’est ni tout à fait honteuse ni absolument intolérable : témoin l’Autriche après Sadowa. Le vainqueur ayant eu l’esprit de la laisser intacte, elle est rentrée tout doucement dans ses habitudes, comme si la guerre ne lui avait rien coûté ; en effet, elle n’avait perdu que sa prépondérance en Allemagne. Nous-mêmes, malgré la légitime vivacité de nos ressentiments, nous étions hommes à signer une paix durable et mortelle pour nous, si l’Allemagne n’eût pris nos provinces. Du moins y aurions-nous regardé à deux fois avant de troubler de nouveau la tranquillité européenne et d’envahir à main armée l’Alsace et la Lorraine libres, neutres et sacrées. Nos diplomates ont dit et répété dans leurs conférences avec le vainqueur : « Renoncez à nous conquérir, et vous ferez une paix durable. »