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ALSACE.

en province, et qu’on rencontre un peu partout des jeunes gens élevés dans l’amour du vrai et du bien par une digne mère, sous le regard souriantdes vieux parents encadrés.

Mais je n’ai pas le droit de m’endormir dans ces estimables délices, ni même d’en savourer l’arrière-goût à loisir. Il faut passer au galop sur ce bon temps, trop vite écoulé, sur nos belles promenades, sur notre ascension au lac Blanc, ce glacier éteint, sur notre visite au musée, où je fis connaissance avec le peintre Martin Schœngauer, dit Martin Schœn, digne rival d’Albert Dürer, et sur le monument exquis que notre ami Auguste Bartholdi a élevé, dans le cloître des Unterlinden, à la gloire de Martin Schœn. Un vrai bijou, cette statue entourée de quatre images symboliques dans le goût de la Renaissance première. Depuis le sol jusqu’au bonnet de la figure principale, tout est de la même main et d’une main savante autant que spirituelle ; le sculpteur s’est fait architecte, il a exécuté son œuvre ad unguem, sans rien livrer au hasard des collaborations, et incrusté sa pensée dans les moindres détails.

Colmar a d’autres œuvres du même artiste : une bonne statue du général Rapp, un monument grandiose à la gloire de l’amiral Bruat, une délicieuse fontaine dont le corps représente un jeune vigneron buvant à la tonne ; mais le Martin Schœn