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COLMAR.

utile qui s’y produit, mais j’ai pu voir que la somme de tant d’efforts patients, modestes et désintéressés fait de Colmar un milieu aimable et distingué s’il en fut.

Il n’est pas impossible que je m’exagère un peu les mérites de ces bons Colmariens ; si je me trompe, c’est leur faute et non la mienne. Pourquoi nous ont-ils fait si bon accueil ? Je suis encore sous le charme de la première impression, qu’aucune autre n’est venue effacer jusqu’à cette heure.

Nous étions arrivés fort tard, à nuit close, après quelques traverses gaiement acceptées. Je ne sais plus par quelle combinaison savante on avait imaginé de gagner Schlestadt en voiture, au lieu de prendre le chemin de fer à Benfeld. La voiture était un carrosse à trente-six portières, rembourré de trois bottes de paille ; le cocher, un paysan pris de vin, qui ne voulait ni fouetter ses chevaux ni permettre qu’on les fouettât pour lui ; nous lui avions livré bataille, la conquête de son fouet avait été une épopée comique, et l’ivrogne, conduit en prisonnier sur sa propre charrette, nous avait dit fièrement à la gare de Schlestadt : « Moi aussi, je vous aurais bien fait manquer le train, si vous m’aviez laissé conduire ! »

Où est le temps où un seul mot plaisant nous défrayait de gaieté durant trois ou quatre heures,