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COLMAR.

On n’y rencontre pas de monuments prodigieux ; les quartiers du centre sont ceux d’un bon chef-lieu de troisième classe, et les faubourgs ont çà et là des airs de grand village. Si l’on y garde quelques précieux débris du moyen âge et de la Renaissance, comme le cloître des Unterlinden et la maison Pfister, le reste a beaucoup moins de caractère et les bâtisses de pacotille abondent de tous côtés.

Une grande coquine de préfecture, ruineuse et inhabitable, comme toutes les constructions officielles du second empire, a gâté la plus belle place sous prétexte de l’embellir. L’ensemble est moins pittoresque et moins pur de style que tel bourg de Bretagne ; il faudrait être fou pour parler ici de Nuremberg, ce musée d’architecture religieuse et civile. Et cependant, Colmar vous domine par je ne sais quel air de sérénité imposante, en même temps que sa bonhomie vous attache par un charme pénétrant.

C’est une ville de tradition, d’étude et de conscience. La bourgeoisie de Colmar conserve soigneusement la maison de ses pères, leur bibliothèque, leur cave et leur foi. Les hommes sont religieux, éclairés et réfléchis ; ils ne dédaignent pas le confort ; ils vivent en famille, ils pratiquent l’épargne, ils ne se soucient ni du luxe, ni du bruit. Les journées sont ici de vingt-quatre heures au moins, chacun les remplit de son mieux, à son