Page:About - Alsace, 1875.djvu/199

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
185
COLMAR.

absolument heureux ; ils avaient une fille aimable, spirituelle, mariée à un homme de bien, et un fils que toutes les familles de Strasbourg leur enviaient à juste titre.

C’était plaisir de les entendre parler de lui, de les voir en contemplation devant le portrait de leur Albert. Albert était le plus brillant élève du père Ehrmann ; on en avait fait un savant et un soldat, un vrai savant et un soldat intrépide. Lorsque je rencontrai ses vieux parents à Sainte-Odile, il comptait déjà de beaux états de service, plusieurs campagnes en Afrique, l’expédition de Syrie ; il était médecin en chef de l’armée du Mexique et président de la commission scientifique ; il avait affronté la fièvre jaune, il l’avait prise, et il s’en était guéri ; le plus brillant avenir s’ouvrait devant ce beau, brave et laborieux jeune homme. Il est mort médecin principal de 1re classe et officier de la Légion d’honneur au milieu de la dernière campagne ; une maladie contractée dans les hôpitaux de Metz l’a tué quelques jours après la capitulation de Bazaine, tandis qu’il courait offrir le dernier reste de ses forces au gouvernement de Tours. Je n’ai pas eu le courage d’aller voir, à Strasbourg, les pauvres vieux parents qui lui survivent. Un premier mouvement m’avait conduit jusqu’à leur porte : je me suis arrêté sur le seuil, de peur de réveiller une douleur que je ne pouvais consoler.