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ALSACE.

d’avoir hébergé Charlemagne, Frédéric Barberousse, Richard Cœur de lion, et Gœthe, cette autre majesté, nous fascinait par la grandeur des souvenirs et par un arrière-goût de mystère. Le site est un des plus imposants qu’on puisse rencontrer en France. Du haut de la terrasse qui s’allonge au-dessus d’une voie romaine, on embrasse d’un seul coup d’œil un infini de montagnes et de forêts, et cette magnifique vallée de l’Alsace jusqu’à la ligne azurée du Rhin. Un matin que le ciel était un peu voilé, nous nous trouvions au nombre de sept ou huit sur les pierres druidiques du Mennelstein, quand Gustave Doré nous fit voir à l’horizon un massif de montagnes argentées : c’était la Suisse.

Le charme et l’intérêt de la compagnie sont sans doute pour beaucoup dans l’impression que j’ai gardée. Je me rappelle entre autres choses que ce jour-là, sur le Mennelstein, un digne homme de général nous contait mille détails curieux sur l’esprit et les mœurs de Lyon, où il commandait une brigade. C’était le pauvre Abel Douay, qui est mort au combat de Wissembourg.

Le général Lichtlin venait aussi de temps en temps rendre visite à sa charmante femme, qui faisait une saison de bains d’air dans les Vosges, comme en d’autres pays on prend les bains de mer.