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COLMAR.

en recommencer bien vite une autre. Chacune de nos sorties avait pour but une ruine célèbre ou un site pittoresque, et souvent les deux à la fois : quelques excursions prenaient un jour entier, ou davantage. C’est dans ces conditions de bonne humeur et de santé que nous vîmes le Mennelstein, les Dreistein, Lutzelbourg, Ratsamhausen, le Kæpfel, le Niedermunster, Beckenfels, le Hagelschloss, Truttenhausen, Andlau, le Spesbourg, le Hanfmatterschloss ! Tous ces noms vous semblent barbares ; il n’y en a pas un qui ne sonne agréablement à mon oreille en me rappelant un beau jour. Nos débauches de mouvement nous avaient si bien entraînés que nous ne comptions plus les kilomètres : on desendait à Barr ou à Obernai pour un rien ; le futur capitaine et deux autres adolescents de son âge arpentaient quatre lieues en courant, pour nous aller quérir un paquet de tabac. La nuit venue, on se trémoussait encore en vertu de la vitesse acquise ; on tirait des feux d’artifice, on allumait des feux de Bengale dans les ruines, on improvisait des charades dans une grande salle où chacun apportait sa chaise et sa chandelle.

Si nos logis particuliers n’étaient ni beaux ni confortables, la grande hôtellerie épiscopale avait pourtant assez grand air. Un couvent du septième siècle dont les abbesses avaient rang de princesses, un vieux pèlerinage miraculeux qui se souvient