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COLMAR.

pied ; qu’autant la route des voitures était longue et fatigante avec ses interminables lacets, autant le chemin des piétons était court et agréable. « Mes deux enfants vont d’Obernai à Sainte-Odile et en reviennent avant le déjeuner, pour se dégourdir les jambes et s’ouvrir l’appétit. » Une belle jeune fille de seize ans, debout sur ses petits pieds au seuil de l’officine, confirmait tous les dires de son père. Cet être charmant et frêle ne semblait pas construit pour les courses laborieuses ; sa vue me persuada qu’il nous serait facile de monter au couvent le soir même, en portant le baby tour à tour. Au pis aller, si quelqu’un se trouvait las, ou si la lune était voilée par les nuages, il serait toujours temps de coucher à l’auberge d’Ottrott. Notre plan de campagne ainsi dressé, on attendit patiemment le cheval de bonne volonté qui devait nous tirer d’affaire. Il se présenta tout attelé vers cinq heures et demie ; et six heures sonnaient quand il nous déposa, nous et notre bagage, au pied de la montagne.

Le jour tirait à sa fin, mais la lune brillait dans un ciel pur : un paysan d’Ottrott prit notre malle sur ses épaules et se chargea de nous conduire au couvent en quelques enjambées. Je le crus sur parole, d’autant plus volontiers qu’un poteau indicateur et menteur nous disait : « Sainte-Odile, 4 kilomètres. » L’enfant dormait comme un amour.

Nous voilà donc lancés dans un chemin mon-