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ALSACE.

ches du pin sylvestre, c’est la vie animale dans sa plus humble simplicité ; mais les meilleurs moments de la vie sont ceux où largement, pleinement, sans souci, ni scrupule, ni arrière-pensée, on s’est senti vivre.

Contre l’usage des touristes alsaciens, nous avions préparé très-sommairement notre voyage et nous laissions une part assez large au hasard. Ainsi, de deux stations qui sont également distantes de Sainte-Odile, je choisis la première sans savoir pourquoi, et je descendis avec mon petit monde à Obernai. Mal nous en prit : tout Obernai était en proie à la fièvre des vendanges ; pas un cheval qui ne fût aux vignes. L’unique loueur du pays nous offrait poliment trois ou quatre voitures passables, mais il eût fallu nous atteler nous-mêmes pour les conduire à destination. Notre embarras éveillait déjà la curiosité et l’intérêt du public ; les passants s’arrêtaient autour de nous, de braves gens nous offraient leurs services, il pleuvait des conseils. J’eus la faiblesse d’en écouter un qui aurait pu être meilleur. Le pharmacien de la grand’place opina qu’au retour des vendanges, c’est-à-dire vers les cinq ou six heures du soir, on trouverait un cheval assez dispos pour nous conduire au village d’Ottrott. Il ajoutait que le village élait au pied de la montagne ; que d’Ottrott au couvent il n’y avait que la distance d’une petite promenade à