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ALSACE.

un petit railway départemental, construit aux frais des habitants et exploité par la Compagnie de l’Est. Nos centimes additionnels avait payé tous les travaux. La plupart des propriétaires riverains, au lieu de spéculer sur l’expropriation, avaient cédé leurs terrains gratis ou à vil prix : ce trait vous peint l’esprit pratique et les sentiments généreux de l’Alsace. Aussi les paysans s’admiraient-ils de bonne foi dans leur œuvre collective ; ils disaient : « nos chemins de fer, les chemins de fer que nous avons faits. » Il en usaient autant par gloriole que par nécessité : l’ouvrier, le cultivateur, se faisaient transporter d’une station à l’autre moyennant dix centimes, avec leurs outils, pour un oui, pour un non, pour remettre un carreau cassé, pour biner quatre pieds de pommes de terre.

Mais dans cette joyeuse saison d’automne, il semblait que la plupart des voyageurs fussent des touristes, des amoureux de la nature, en vacances comme nous. L’Alsacien aime son pays autrement que le Parisien n’aime Paris : il se pique de le connaître, il en possède l’histoire et même les légendes, ces naïves enluminures de l’histoire ; il se fait un point d’honneur de visiter les vieux châteaux qui pullulent dans la province, de parcourir les forêts célèbres, de gravir le sommet des principales montagnes. Dès l’âge de dix ans, souvent plus tôt, les bambins exercent leur corps aux