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ALSACE.

Les sentences des conseils de guerre prussiens seront un jour coordonnées et publiées pour l’édification de l’Europe. Il est bon que les étrangers connaissent la moralité d’un peuple auquel ils ont sacrifié la France. Ce renseignement intéresse surtout la Hollande, la Belgique et l’Angleterre, qui pourront être envahies après nous.

Quoique le colportage des journaux français soit interdit dans les rues de Strasbourg, quoiqu’ils soient proscrits à la gare, et que les employés de la poste allemande ne se fassent pas scrupule de confisquer souvent le service des abonnés, j’espère que ces lignes passeront sous les yeux des amis que j’ai laissés dans la ville. Ils verront que j’ai fait un usage discret de leurs confidences, et que je me suis même interdit de rendre hommage à leur patriotisme : il était impossible de signaler leurs noms à la reconnaissance des Français sans les désigner aux rancunes de l’ennemi.

On lit sur la porte Nationale une inscription du quinzième siècle ainsi conçue :

« Par ma foi ! nul ne saurait sonder la miséricorde de Dieu, la cupidité des clercs et la méchanceté des paysans ! » Un jour viendra, j’en ai la ferme espérance, où la nation écrira sous cette vieillerie satirique : « Par ma foi ! la France a sondé le courage et le dévouement de Strasbourg, et elle n’en a pas trouvé le fond ! »