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ALSACE.

sait qu’il s’apprête à la doter richement. Eh bien, à l’heure où j’écris, cette jeune Française ne craint pas d’afficher les sentiments les plus patriotiques ; elle est prête à renoncer à tout plutôt que d’épouser un Prussien.

J’avais entrepris de dresser la statistique complète des défections qui ont ému Strasbourg ; je n’en ai pas trouvé dix, et je me suis rappelé la phrase de Bossuet sur les clous plantés dans une muraille : on les arrache, on les rassemble, et l’on n’en a pas plein la main.

L’intérêt, un invincible attachement à des propriétés héréditaires, la longueur et la difficulté des liquidations, décideront sans doute un certain nombre de familles à subir, l’an prochain, la nationalité allemande. Mais M. de Bismark aurait tort de faire grand fond sur la sincérité de semblables conversions. Les Alsaciens ne seront pas meilleurs Allemands que les juifs convertis par l’inquisition espagnole ne devenaient bons catholiques.

Je prends la liberté de recommander aux vainqueurs un excellent critérium du sentiment populaire. Le jour où un soldat vêtu de l’uniforme français traversera Strasbourg dans sa longueur sans être acclamé, applaudi, entouré, fêté, embrassé par tous les passants, Strasbourg pourra compter parmi les villes allemandes.

Mais nous n’en sommes pas là, Dieu merci ! Le