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ALSACE.

coup d’employés alsaciens sont encore à la disposition du gouvernement ; que plusieurs ont épuisé leurs dernières ressources ; que les bureaux ne daignent pas répondre à leurs lettres désespérées, et que la politique est d’accord avec la justice et l’humanité pour conseiller une autre conduite. Gardons-nous de justifier les Allemands qui disent à ces loyaux fonctionnaires : « La France se moque bien de votre fidélité ! »

Les quelques actes de faiblesse ou de défection qu’on a pu relever à la charge des indigènes sont des phénomènes si rares et si prodigieux, ils tranchent tellement sur le fond du sentiment général, qu’ils prennent une importance énorme dans le tableau par un inévitable effet d’optique.

Qu’un polisson de pasteur protestant, nommé Reichardt, dans un discours public, glorifie l’armée de Werder et la loue d’avoir arrêté les hordes de Bourbaki, le sentiment public se soulève en tempête, et tous les protestants en masse seront battus par le flot pendant trois jours. Mais on se calme, on réfléchit, on se rappelle que la population protestante et ses pasteurs, et M. Braun, le digne président du directoire, ont donné les exemples du plus fier patriotisme. Bientôt les communions rivales se réconcilient ; on s’embrasse, et les catholiques avouent qu’ils étaient fous de condamner tout le troupeau pour une brebis galeuse.