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STRASBOURG.

dans les vingt-quatre heures, comme des pestiférés. L’un d’eux, Alsacien, marié à une honnête et courageuse Allemande, était retenu au chevet d’un enfant malade ; il sollicitait un répit de quelques jours. Les Allemands ont cru qu’ils le tenaient ; on est venu à lui, on lui a dit d’un air aimable : « Pourquoi quitteriez-vous Strasbourg ? Vous avez des parents chez nous, votre femme est Allemande ; nous vous ferons un sort que M. Jules Simon n’oserait pas même vous promettre. » Il n’a rien écouté, il a laissé son fils, il s’est fait expulser ; il est venu attendre en France, sans argent, avec une nombreuse famille, le bon plaisir du ministère de l’instruction publique, qui s’est fait attendre longtemps. Ce brave homme et ce bon Français s’appelle Rieder ; je m’honore d’avoir été à l’École normale avec lui.

Il est impossible de citer tous les fonctionnaires publics qui ont fait leur devoir en refusant de servir l’ennemi ; le plus simple est de dire que tous ceux de Strasbourg, sauf M. de Turckheim, sous-inspecteur des forêts, ont repoussé avec dégoût le Méphistophélès allemand : plusieurs ont dédaigné des offres magnifiques, comme M. Hugot, directeur des contributions directes, qui n’avait qu’à rester en place pour voir son traitement triplé.

Mais il n’est malheureusement pas inutile de répéter sur tous les tons à nos ministres que beau-