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ALSACE.

Je ne sais par quel privilège les vieux arbres du Contades sont encore debout ; on dirait que les belligérants ont respecté, d’un commun accord, leur majesté un peu caduque. Voici même le jardin Lips, ce paradis de la marmaille, avec les jeux et les curiosilcs qui l’encombraient au vieux temps, et la très-confor(able guinguette du bonhomme K…, où les bacheliers se donnaient des récréations plus viriles. Ces deux jolis coins sont intacts, il me semble que j’en jouirais pleinement et que leur ombre me rajeunirait de quelques années, si la présence des ennemis ne gâtait tout. Le jardin Lips fourmille de Prussiens ; un grand concert militaire est affiché contre la porte. Dans le jardin du père K…, je vois des officiers prussiens en partie fine ; ils vont casser les reins à quelque hareng saur. Ô vieux K…, est-ce vous qui prostituez votre incomparable cuisine à ces estomacs de pacotille ? Dieu vous punira, mon brave ; il flétrira le nez radieux dont il lui avait plu de décorer votre visage en récompense de vos longs et patriotiques services !

Au milieu de cette belle imprécation, trois officiers prussiens passent au grand galop, et m’obligent à me ranger dans une haie. C’en est assez, et même trop. Adieu, Contades ! nous ne nous reverrons que le jour où le pantalon rouge refleurira dans tes massifs.