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STRASBOURG.

est peu fréquentée le matin, et absolument vide de Français à l’heure de la musique prussienne. On ne cite que deux dames de Strasbourg qui se soient fourvoyées à trois heures dans la foule des officiers ennemis, et je ne citerai pas leurs noms, car les maris ne sont peut-être pas complices de ces honteuses faiblesses.

Ce matin, j’ai vu quelques Français dont deux ou trois portaient l’ordre de la Légion d’honneur à leur boutonnière. On assure que ce petit bout de ruban agace les nerfs du vainqueur, et que la chancellerie allemande va soumettre nos légionnaires au régime de l’autorisation préalable. Le côté plaisant de l’affaire est que M. de Bismark vise le décret de Napoléon III sur le port des décorations étrangères. La Légion d’honneur est devenue un ordre étranger en Alsace, comme l’ordre du Honduras à Paris !

Les ruines du théâtre seront relevées d’urgence, paraît-il. Nos Allemands s’ennuient ; ils n’ont pas la ressource de passer leur soirée dans le monde ; et la brasserie, toujours la brasserie ! finit par lasser l’estomac. On a donc invité la mairie à livrer dans les cinq jours les plans et les devis d’une restauration du théâtre, sous peine de perdre tous ses droits à l’indemnité. La mairie s’est exécutée en toute hâte ; mais qu’arrivera-t-il quand l’édifice sera réparé ? Une troupe prussienne en prendra