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STRASBOURG.

vait si bien les faire instruire en Allemagne ! »

Les Bavarois, les Wurtembergeois, le gens du Sud, quand on leur reproche d’avoir trompé nos espérances en servant le roi de Prusse, leur ennemi d’hier, contre nous, répondent naïvement : « C’est que la guerre a été mal engagée. Si vous aviez gagné les premières batailles, il y avait bien des chances pour que nous fussions vos alliés. » Toujours le culte de la force.

La grande-duchesse de Bade, fille du roi de Prusse, est venue à Strasbourg peu de temps après la capitulation. Elle a joué son rôle de princesse et de femme avec assez de grâce, mais sans aucun succès. À l’hôpital, tous les blessés, tous les malades qui pouvaient se remuer sur leurs lits se retournèrent à son entrée, et elle n’en vit pas un en face. Malgré ce rude accueil, l’encombrement des salles et l’insalubrité du lieu l’émurent de pitié ; elle offrit de faire transporter et de soigner à ses frais, dans une maison plus commode, tous ceux qui ne se trouvaient pas bien. Pas un seul n’accepta l’hospitalité allemande. La princesse exprima devant une dame de Strasbourg le chagrin qu’elle en éprouvait : « Je croyais que le peuple avait de meilleurs sentiments pour nous.

— Madame, lui répondit-on, nos sentiments ont été trop bombardés pour qu’ils s’en relèvent