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ALSACE.

Les Allemands n’ont rien compris à cette exaltation des âmes. Quelques-uns demandent encore naïvement pourquoi on les reçoit si mal : « Est-ce que vous ne nous avez pas appelés ? disent-ils. Tous nos journaux affirment depuis dix ans que vous êtes opprimés par la France, et que vos bras se tendent vers nous. »

D’autres s’étonnent que l’Alsace n’accepte pas plus docilement la loi du plus fort : « Quant à nous, nous étions tout prêts à devenir Français dans le Palatinat ; c’était une affaire arrêtée. Nous ne le désirions pas, mais on se serait résigné : c’est la guerre. Est-ce que nous nous sommes fait prier sous le premier empire ? avons-nous fait des simagrées ? Napoléon nous avait battus et conquis : nous sommes devenus Français, très-bons Français, et même le goût de la France nous est resté assez longtemps encore après 1815. »

Une dame de Strasbourg, qui est née en Allemagne, mais qui aime la France à cœur perdu, me faisait part des remontrances de sa famille. On lui écrit : « Que signifie ce patriotisme ? Est-ce que nous t’avons enseigné des sentiments si farouches ? Rappelle-toi donc, malheureuse enfant, que ton grand-père était un des meilleurs Allemands de Mayence, et qu’aussitôt après la cession de la ville, il a été charmé de devenir fonctionnaire français. Et il a mis ses fils au lycée de Metz, quand il pou-