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ALSACE.

amende de 1500 francs qu’il n’a jamaisvoulu payer

Un pays où la bourgeoisie donne de tels exemples, un pays où l’on trouve encore des familles uniformément héroïques comme les Wisner, n’est pas un pays pourri, n’en déplaise à M. de Bismarck et à ses moralistes gagistes.

On me contait hier l’histoire de deux fils de famille, MM. Hecht, dont le père dirige une grande usine auprès de Naples. À la première nouvelle de l’invasion, ils accourent en France et s’engagent. L’aîné, qui est ingénieur, entre dans le génie, fait la campagne de l’Est et mérite les galons de lieutenant. Le cadet, débarqué à Toulon, se laisse prendre, comme un enfant qu’il est, par l’infanterie de marine : on l’envoie à la Martinique en passant par le Sénégal ! Il a beau dire qu’il est Alsacien, que s’il s’est engagé pour la durée de la guerre, c’est dans l’espoir de combattre les Allemands et de sacrifier sa vie à la défense de son pays ; on lui répond qu’il est soldat pour obéir, et que la France a besoin de lui à la Martinique. Il y est bel et bien allé : ces Alsaciens sont vraiment l’élite de l’armée française, car ils ont autant de respect pour la discipline que de mépris pour le danger.

Toutefois, comme la perfection n’est pas de ce monde, ils ont un grand défaut, que je cacherais avec soin si je ne m’étais engagé à tout dire, le bien et le mal : depuis que le traité de paix les a