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ALSACE.

pouvons endurer mille fois plus de maux, nous voulons mourir ici ! Tout plutôt que de rendre la place aux Allemands ; dès qu’ils seront entrés à Strasbourg, ils n’en voudront plus sortir, et nous serons perdus pour la France ! »

Parmi les conseillers municipaux qui refusèrent le plus énergiquement de se rendre, le brasseur Lipp mérite une mention spéciale. Il habitait le faubourg de Pierre ; l’incendie méthodique des assiégeants n’était plus qu’à deux portes de sa maison. Ce digne homme repoussa de toutes ses forces les premières ouvertures relatives à la capitulation ; deux jours après, sa fortune était réduite en cendres.

Les Allemands entrèrent le 28 septembre avant midi. Toute la ville protestait : hommes et femmes juraient à l’unisson qu’on pouvait, qu’on devait tenir encore ; que la France viendrait au secours. L’événement a fait voir qu’une plus longue résistance n’eût rien sauvé, et pourtant le patriotisme de Strasbourg murmure encore contre le vaillant et malheureux Uhrich.

On rend justice à son courage, mais on ne lui en sait pas gré, parce que tout le monde a été brave et que la plus précieuse denrée s’avilit quand elle surabonde. Qui est-ce qui avait peur de la mort ? Ce n’était pas le maire Humann, épicurien assez vulgaire en d’autres temps ; il a fort bien payé de