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STRASBOURG.

quelques-uns osaient dire à demi-voix que la résistance était impossible, et que le plus court serait d’ouvrir les portes. Le matin du 10 août, lorsque le général Uhrich déclara que la ville se défendrait tant qu’il resterait un soldat, une cartouche et un biscuit, bien des gens murmurèrent à la lecture de son affiche, et jugèrent qu’il allait un peu loin.

La garde nationale prit les armes sans hésiter, un corps de francs-tireurs s’organisa, prêt à bien faire ; on vit des êtres doux et pacifiques comme cet excellent Liès-Bodard, professeur de chimie à la Faculté, endosser l’uniforme et conduire brament de petites sorties. Toutefois les premiers obus qui tombèrent en ville le 13, le 14 et le 15 août, la vue de pauvres gens blessés dans leur lit ou dans la rue, un carnage de petites filles à l’orphelinat, quelques incendies isolés, la mort du vaillant colonel Fiévet et la perte de trois canons dans une sortie malheureuse, troublèrent bien des cœurs et amollirent quelques courages.

Mais quand une nouvelle affiche signée du général, du maire et du préfet annonça, le 23 août, que le moment solennel était arrivé ; quand les ennemis commencèrent ce qu’ils nommaient dans leurs sommations officielles, le bombardement régulier ; quand une grêle de projectiles s’abattit sans interruption sur les maisons, les hôpitaux,