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ALSACE.

2 mètres de haut sur 50 centimètres de large où l’on eût pu se tenir debout sans risquer la mort. Une brigade d’infanterie, alignée en permanence sur ce front de bataille, eût péri jusqu’au dernier homme.

Parcourez en tous sens cette ville de 84,000 âmes, vous ne trouverez pas une rue où la mitraille du roi Guillaume n’ait frappé quelque chose ou quelqu’un, tandis que les remparts ont relativement peu souffert, et que la brèche ouverte à la Porte-de-Pierre n’a jamais été praticable. Tout le faubourg de Pierre était rasé jusqu’à l’angle de la Finckmatt ; il n’en restait pas une maison à droite, pas une à gauche, quand le mur d’enceinte était encore debout et solide. C’est donc aux habitants, à la population civile, à ses futurs sujets, que le héros de l’Allemagne a fait la guerre. Il a voulu leur inculquer le patriotisme allemand par la terreur, devenir à leurs yeux une sorte de Jupiter tonnant, dieu de la poudre et de la mitraille.

Mauvais calcul, en somme : les Allemands s’en aperçoivent, mais trop tard. À leur approche, le moral des citoyens n’était peut-être pas unanimement héroïque. Tous ces fuyards de l’aile droite de Mac-Mahon qui se jetèrent dans la ville avaient communiqué à plus d’un habitant la terreur dont ils étaient pleins. On se comptait, on raisonnait,