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STRASBOURG.

servatoire en vue sur la plate-forme, au lieu de la cacher dans une tour. Mais le crime des assiégeants, leur crime barbare et stupide, est d’avoir criblé de mitraille une population qu’ils se proposaient d’annexer.

En faisant éclater des milliers de boîtes à balles au milieu des rues de Strasbourg, ils ont trahi leur profonde ignorance du caractère français ; ils ont prouvé qu’ils nous jugeaient d’après eux-mêmes. Les Allemands, grands et petits, ont le respect et le culte de la force : ils lèchent la main qui les assomme. Plus un vainqueur leur a fait de mal, plus leur bassesse naturelle les porte à l’admirer, à le servir, à lui complaire : témoin ces misérables Bavarois, qui se sont fait hacher, en 1870, pour l’homme qui les avait battus à coups de crosse en 1866 ; témoin l’Autriche allemande, qui, cinq ans après Sadowa, rampe ostensiblement vers la Prusse. Nos Alsaciens sont d’autres hommes, Dieu merci !

On peut se rendre compte des dangers qu’ont courus les Strasbourgeois, si l’on suit le bord du canal depuis l’angle de quai Kellermann, en face de la gare, jusqu’aux ruines de la Préfecture. Les murailles qui restent debout sont criblées de balles et d’éclats, comme à Paris l’angle d’une maison où les insurgés ont tenu tête à la troupe. Sur toute cette longueur il n’y a pas une place de