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STRASBOURG.

de présomption si j’entreprenais au pied levé l’histoire du siége de Strasbourg. Mais cette histoire se raconte elle-même au passant par tant de témoignages en tout genre, elle envahit si fortement son âme, il en est tellement saturé au bout de vingt-quatre heures, qu’à son tour, il la laisse échapper par tous les pores. Sans faire concurrence aux écrivains qui ont traité et traiteront encore ce noble sujet, je vous livre mes impressions dans leur vivacité native.

Le siége de Strasbourg, envisagé du point de vue où je suis, est un chef-d’œuvre de froide cruauté et un miracle d’héroïsme passif. Cruauté allemande, cela s’entend de reste, aux prises avec l’héroïsme français.

Pour les généraux assiégeants, la place aussitôt investie était prise d’avance, à moins d’un secours imprévu, peu vraisemblable après Reichshofen, et tout à fait impossible après Sedan. Werder avait le choix de la réduire par famine comme Paris, ou d’y entrer par la brèche, au bout d’un mois ou deux. Le bombardement des maisons fut donc un luxe de barbarie aussi inutile que l’envoi des boulets qui ont touché Saint-Sulpice et le Panthéon.

Il fut bien autrement odieux, car il dura trente et un jours ; et ce n’est pas par un accident plus ou moins justifiable qu’une ville reçoit deux cent mille obus dans ses rues. Pour faire tout le mal