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STRASBOURG.

mençait d’heure en heure. Les places et les rues étaient encombrées de longs chariots pavoisés et fleuris, où les plus belles filles des villages étalaient leurs costumes éblouissants.

Autour de ces députations virginales, des milliers de grands gars aux cheveux blonds, espoir de la cavalerie française, faisaient caracoler leurs bêtes bien râblées. Quelques gros maires, au visage écarlate, drapaient fièrement leurs écharpes sur des habits du siècle dernier. C’était un joyeux carnaval de jupes vertes et rouges, de corsages brodés, de larges rubans étalés en ailes de papillon, de culottes courtes, de souliers à boucles, de gilets ruisselants de boutons, de harnais où le cuivre poli brillait en larges plaques aux rayons du soleil.

Les réjouissances se continuèrent durant deux jours et deux nuits, sans un intervalle de repos. Il y eut petite guerre au polygone, grand bal à la mairie, pont jeté sur le Rhin, spectacle de gala au grand théâtre avec Robert le Diable. Naturellement, nos amis nos bons amis du grand-duché de Bade, prirent leur part de ces plaisirs ; il n’y avait pas de belles fêtes sans eux. Je vois encore le fils du grand-duc, un beau garçon de vingt ans, entrer en ville avec notre jeune prince : ils passent le pont-levis côte à côte et les tambours battent aux champs.