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DOULEURS ET DÉFAILLANCES.

le vil empressement des pleutres qui courent au-devant de la servitude pour en tirer quelque profit. Notre petite ville, qui est assurément une des moins héroïques de l’Alsace, ne sait pas mauvais gré aux officiers ministériels que le besoin va transformer en fonctionnaires prussiens ; mais elle flétrit ceux qui hantent, sans nécessité, le tribunal ou la sous-préfecture. Elle a montré une profonde émotion le jour où quelques plats valets, en minorité, Dieu merci, ont tenté vainement d’admettre au Casino la magistrature allemande. Et la population entière a hurlé d’indignation lorsque les filles du concierge, deux vénérables coquines qui avaient dévoué leur jeunesse aux plaisirs des magistrats français, ont enguirlandé les abords du tribunal en l’honneur de la Prusse.

Puisque je tiens Saverne et son tribunal, je ne les lâcherai pas que nous n’ayons éclairci la grosse affaire de la pétition. Une ville de 5, 400 âmes qui écrit à M. de Bismarck : « Nos origines, nos noms, nos mœurs, nos cœurs sont allemands » mérite de comparaître devant le tribunal de l’opinion publique. Nos ennemis ont exploité cet acte de faiblesse, les bons Français de l’Alsace en ont gémi, mais personne, que je sache, ne s’est encore donné la peine de l’analyser.

De même que les Français se distinguent des autres nations par l’acharnement avec lequel ils