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ALSACE.

coup d’une violence ; que la confiscation dont ils sont menacés est un acte de brigandage à main armée. N’importe : ce tripotage de conscience et d’intérêt ne sent pas bon. D’ailleurs, la ruse est éventée par des indiscrétions de toute sorte, et Bismarck le bien informé a dû se mettre en garde depuis longtemps. Comptez qu’il prendra ses mesures, et que s’il indemnise Pierre ou Paul, il le fera à bon escient. Le jour où la question sera posée sans ambages, on verra les grands côtés du caractère alsacien se dégager du brouillard qui les voile. Les notaires et les avoués qui ont d’autres moyens d’existence refuseront le serment, renonceront à l’indemnité, jetteront leurs charges à l’eau, et se retireront dans une médiocrité honnête et fière. Tout cela, posément, simplement, sans éclats, sans fanfaronnade : l’Est de la France est à mille lieues du Midi. Ceux qui seront contraints de passer sous les fourches caudines se soumettront avec dignité.

L’opinion publique fera la part des uns et des autres avec un bon sens qui l’honore : on plaindra ceux-ci, on redoublera d’estime pour ceux-là ; personne ne sera hué ni acclamé dans les rues. Cette race est pleine de sens ; elle admire les hommes qui luttent bravement contre le sort, elle n’accable pas ceux qui le subissent. Ce qu’elle exècre et flétrit sans pitié, c’est la bassesse active,