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DOULEURS ET DÉFAILLANCES.

il de nous si nous restions en place jusqu’au payement de nos indemnités ? Si nous étions contraints d’accepter la nationalité allemande, quand et comment pourrions-nous redevenir Français ? Et si nous prêtions à Guillaume le serment qu’il exige des officiers ministériels, quelle serait la valeur de cet acte aux yeux du gouvernement français ? »

On raconte, mais je n’ai pu vérifier ce dire, que le ministre a tout permis, tout promis, déclaré que la France rendrait la qualité de citoyen à ceux qui l’auraient abdiquée pour éviter la ruine, et, qu’aussitôt rentrés dans le giron de la patrie, on les relèverait d’un serment extorqué. J’ai peine croire qu’un tel propos soit authentique de tout point. Si un gouvernement est toujours maître de naturaliser à nouveau ceux qui ont perdu le droit de cité sans méfaire, la question du serment est moins simple.

Je ne croirai jamais qu’un ministre ait le bras assez long pour déchirer à Versailles un contrat enregistré à la chancellerie de Berlin. Le droit de rendre une parole n’appartient qu’à celui qui l’a reçue. Les triumvirs de Tours, quoique grands fantaisistes et portés à gouverner pontificalement, se contentaient d’ouvrir leurs bras aux officiers parjures ; ils n’ont pas fait la simagrée de les délier de leur serment. On peut plaider que, dans l’espèce, nos officiers ministériels sont sous le