Page:About - Alsace, 1875.djvu/114

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
100
ALSACE.

sais, j’en vois beaucoup qui ont repoussé des offres éblouissantes, et qui attendent stoïquement, dans un état voisin de la misère, que le gouvernement français veuille ou puisse les replacer.

Les professeurs de nos collèges communaux sont encore en grand nombre sur le pavé. Comme ils étaient payés douze ou quinze cents francs au bon temps, ils ne sauraient avoir de grosses économies devant eux. Aussi fatiguent-ils de leurs sollicitations le ministère de l’instruction publique, qui n’a pas le temps de répondre. Cependant, ils refusent de servir l’ennemi, et l’ennemi, qui veut à tout prix enrôler quelques Alsaciens pour la montre, est réduit à les prendre dans le rebut de la population. Il n’a pu ramasser qu’un seul professeur dans la boue de Saverne, c’est l’abbé Blaise. L’abbé Blaise, qu’on nomme abbé par dérision, est un fruit sec de séminaire, suspect de mœurs infâmes et manifestement adonné à l’ivrognerie : il mendiait deux sous pour aller boire. Cet affreux petit drôle n’est ni bachelier, ni pourvu du brevet d’instituteur primaire. Les Prussiens l’ont nommé professeur au collége, avec le traitement d’un principal. Le jour où cette nomination a paru dans la feuille officielle, la ville n’a poussé qu’un cri, mais le sous-préfet allemand a fait la sourde oreille.

Nous avons à Saverne un curé, un pasteur et un