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ALSACE.

pour guides aux généraux ahuris de notre armée ; ils ont pris sur eux de barricader plusieurs routes, et si la marche des ennemis a été retardée de quelques heures, c’est par eux. Ils ont tendu la main aux francs-tireurs ; ils ont favorisé l’évasion des blessés convalescents et des conscrits qui ralliaient notre drapeau ; ils ont été, pendant plusieurs mois, les seuls agents de la poste française, et gratuitement, à grands risques, ils ont entretenu des communications presque régulières entre l’Alsace et la patrie. Enfin, il parait avéré qu’en conservant leur gagne-pain sous la domination du vainqueur, ils n’ont fait qu’obéir aux conseils paternels de leurs chefs, qui voyaient la difficulté de les replacer tous en France. Ajoutez qu’en dépit de tant de circonstances atténuantes, ces pauvres gens sont impitoyablement condamnés par l’opinion publique, et dites si l’Allemagne a lieu de célébrer cette conquête morale et cette annexion d’âmes.

Les officiers de ces humbles soldats formant l’état-major de la partie forestière, gardes généraux, sous-inspecteurs, inspecteurs et conservateurs, sont tous restés Français, sauf deux, un polisson nommé Gerdol et un Turckheim, parent du trop célèbre Durckheim de Montmartin, et entraîné par ses relations de famille.

Il ne faudrait pourtant pas que la France con-