montre dont la fabrication coûte plusieurs mois, tout le monde aimerait mieux fabriquer des enclumes, et personne ne se fatiguerait à laminer des ressorts de montre.
Ce n’est ni un décret, ni un arrêté, ni une loi politique, qui a disposé les choses de cette façon ; c’est la nature elle-même.
Il est nécessaire, indispensable, fatal, que le travail augmente incessamment l’utilité des choses et que les hommes les achètent au prix d’efforts plus grands lorsqu’ils les savent plus utiles.
Non-seulement l’utilité n’existe que relativement à l’homme, mais elle varie incessamment avec nos besoins naturels ou artificiels.
Un poêle est inutile au Sénégal ; un appareil à fabriquer la glace est inutile au Spitzberg. Aux yeux d’un serrurier, les tenailles sont un objet de première nécessité ; une duchesse n’en a que faire. En revanche, un petit chapeau qui ne lui couvre pas la tête lui est plus utile que soixante paires de tenailles, car elle en a besoin pour se promener au Bois dans sa voiture ; et elle le paye en conséquence. L’agréable et l’utile se confondent incessamment dans les civilisations avancées : j’ai dit pourquoi en vous montrant que nos besoins croissent avec nos ressources.
Le temps et la distance augmentent ou rédui-