tiles, parce que l’utilité, au sens où nous l’entendons tous, indique le service qu’une chose peut rendre à l’homme ; il n’y a donc rien d’utile tant que l’homme n’a pas fait son entrée dans le monde.
L’homme naît : aussitôt tous les êtres se classent relativement à lui. Un animal féroce qui s’élance sur lui pour le manger, entre dans la première catégorie des choses nuisibles ; une plante vénéneuse lui révèle ses propriétés funestes ; les ronces qui lui piquent les jambes, les moustiques qui viennent pâturer sur son corps sont nuisibles à divers degrés, suivant le mal qu’il en souffre ou qu’il en redoute.
Les animaux craintifs que se sauvent à son approche, la plante qui ne le blesse ni ne le nourrit, le minerai enfoui qui s’étend sous ses pas en filons invisibles, tout cela lui est indifférent ou inutile.
L’utile, c’est tout ce qui lui rend la vie plus facile ou plus douce. Mais nous avons constaté ensemble, dans l’hypothèse du naufragé, que la nature par elle-même nous offre infiniment peu de biens utiles. À part le sol qui nous supporte, l’air que nous respirons et l’eau potable des rivières, je ne crois pas que nous lui soyons redevables de rien.