et plus heureux que vous. Cherchez tous les moyens de vous éclairer sur les questions d’économie sociale, ne fût-ce que pour vous mettre en garde contre l’exploitation des hâbleurs.
Vous saviez tout cela, n’est-il pas vrai ? Mais chaque fois que vous avez voulu faire un pas en avant, vous vous êtes heurtés contre un obstacle.
D’abord, c’est la cherté des subsistances, qui rend les économies difficiles.
Ensuite, le peu d’argent que vous avez mis de côté ne rapporte qu’un piètre intérêt, 3 1/2 pour 100, à la caisse d’épargne. À ce taux, il faut bien du temps pour grossir votre petit capital. Et personne n’est sûr de vivre assez longtemps pour arrondir une somme !
Et quand même on arrive à réaliser mille ou deux mille francs, le moyen de s’établir à son compte avec si peu ? Les artisans et les boutiquiers sont régis par la loi commerciale, qui est rude ; leur clientèle est soumise à la loi civile, infiniment plus douce. Le prolétaire qui fonde une maison sans grandes ressources, achète des matières premières à 60 ou 90 jours d’échéance. S’il ne les paye pas exactement, il est mis en faillite, saisi, ruiné et déshonoré : telle est la loi du commerce. Ses clients, plus riches que lui, le payent quand ils y pensent, quand ils n’ont rien de plus pressé, au bout d’un