taient gâtés par nul défaut, il arriva probablement ceci : les deux biens les plus recherchés servirent à mesurer la valeur de tous les autres.
Faut-il dire les deux ? Il est à croire qu’en Europe l’argent servit d’abord à concentrer les épargnes et à mesurer les valeurs. L’or était trop rare et trop cher pour entrer dans la consommation générale. Tenons-nous-en donc à l’argent, et voyons le nouvel usage qu’on en fit.
Après avoir été une matière de luxe, il était devenu un instrument de conserve, un moyen de garder sûrement sous un petit volume l’équivalent de tous les biens qu’on voulait épargner. Il n’avait plus qu’un pas à faire pour devenir l’équivalent par excellence, comme certaines dimensions du corps humain étaient par excellence la mesure des longueurs, comme le labour d’une journée est encore en maint endroit la mesure des superficies arables.
Toute mesure est une comparaison ; je n’ai pas la prétention de vous l’apprendre. Toute comparaison suppose un type, un étalon commun auquel on rapporte des grandeurs, des surfaces, des volumes, des poids, des valeurs diverses.
Pour mesurer la hauteur d’une montagne, les anciens disaient : Elle a tant de coudées, c’est-à-dire elle est deux, trois mille fois plus grande que