Page:About - ABC du travailleur, 1868.djvu/15

Cette page a été validée par deux contributeurs.
3
INTRODUCTION.

l’anglaise ; c’est une autre épreuve à tenter ; les uns y vont de bon cœur, les autres non.

« Quelques hommes éclairés, et il y en a parmi nous plus qu’on ne croit, affirment que nous pourrions remplacer la hausse artificielle des salaires par la réduction des dépenses. Il est certain que nous payons tout plus cher que les riches, attendu que nous achetons au petit détail ; les denrées nécessaires à la vie nous arrivent à travers une série d’intermédiaires onéreux qui n’en finit pas.

« N’y a-t-il aucun moyen de supprimer les intermédiaires ? Est-ce que cent travailleurs associés pour faire leurs emplettes ne représentent pas, entre eux tous, le ménage d’un riche ? Les soldats associés sous le drapeau dépensent moins d’un franc par jour, et vivent bien.

« Si l’union peut accomplir de tels miracles, elle en fera d’autres. Le capital nous impose ses lois, et l’on nous dit qu’il régnera sur nous jusqu’à la fin des siècles. Mais à force d’empiler des pièces de dix sous, est-ce que nous n’arriverions pas, entre nous tous, à créer un capital ? Et le capital une fois né, ne serions-nous pas en état de travailler pour notre compte, sans partager nos profits avec personne ?

« Pensez-vous que vingt ouvriers, sachant tous leur affaire, ne feraient pas un patron, comme vingt francs font un louis ?