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VIE DE MOHAMMED.

avait empêché les autres nourrices de s’offrir pour le prendre ; car elles espéraient des récompenses du père de l’enfant et n’en espéraient point de la mère. Cependant Halima, fille d’Abou-Dowaïb, fils d’El-Harith des Benou-Saad, se chargea de nourrir le prophète qu’elle reçut des mains de sa mère Amina, et elle s’en retourna avec lui dans son pays qui était le désert des Benou-Saad. Là elle éprouva plus de bonheur et d’événements heureux qu’elle n’en avait jamais eu avant ce temps : lorsqu’ensuite elle reporta son nourrisson à la Mecque, elle était aussi désireuse que possible de le garder avec elle : elle dit donc à sa mère Amina : « Que ne me laissez-vous votre fils jusqu’à ce qu’il soit devenu fort ? car je crains pour lui le mauvais air de la Mecque ? » et elle ne cessa point ses instances jusqu’à ce qu’Amina eût consenti à le lui laisser. Alors elle le prit de nouveau avec elle et s’en retourna au pays des Benou-Saad où pendant quelque temps resta le prophète.

Un jour que le prophète et son frère de lait étaient sortis de la maison, le fils d’Halima accourut vers sa mère en lui disant « Ce Koreïschite vient d’être saisi par deux hommes vêtus de banc qui l’ont couché à terre et lui ont ouvert le ventre(13). » Halima et son mari sortent aussitôt pour aller vers lui et le trouvent debout, « Que t’est-il donc arrivé, mon fils ? » lui dirent-ils. — « Deux hommes, répond le prophète, m’ont couché à terre et m’ont ouvert le ventre. » Son mari dit alors à Halima : « Je crains bien que cet enfant ne soit atteint de foie ; reconduis-le dans sa famille. » En conséquence Halima l’ayant pris avec elle s’en vint trouver sa mère Amina qui lui dit : « Quelle est la cause qui te fait me ramener mon fils, toi qui étais naguère si désireuse de le garder ? » Halima voulut lui donner quelque excuse dont Amina ne se contenta pas : et l’ayant pressée davantage de lui dire la vérité : « Je