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ÉMIGRANTS !…


Ô pauvres insensés, quittant votre chaumière,
Pour courir, acharnés, vers un but inconnu.
Bretons, croyez-vous donc que la Ville Lumière
Soit un paisible abri pour un cœur éperdu ?

Croyez-vous que Paris entendra la prière
Qu’élèvera vers lui un pauvre être déçu ?…
Gardez-vous de glisser, car profonde est l’ornière,
Quiconque y trébucha fut un homme perdu !

Là-bas, on n’est pas mieux, méfiez-vous des rêves,
Les heures comme ici sont brutales et brèves,
La vie tout comme ici est faite de tracas.

La terre vous appelle et tout en elle vibre,
Elle a pétri chez vous sa force en chaque fibre,
Cet amour peut dormir, jamais il ne mourra !