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ses premières strophes, abandonna petit à petit la Poésie française et eut de plus en plus recours à sa langue mater-nelle. Il y fut aidé par sa grand' mère. La bonne vieille fut, du jour au lendemain, pressée de questions par l'apprenti bretonnant. Il s'enquit auprès d'elle de toutes les tournures, de toutes les expressions; il la questionnait sans cesse, et prenait des Notes, car il voulait acquérir la perfection dans l'expression juste, qu'il faut aller glaner sur les lèvres des Anciens.

Lorsqu'il se sentit un Breton complet, il fut, tout naturellement, acquis aux théories Autonomistes. Sa passion d'agir, son idéalisme visionnaire, le poussèrent aussi vers les opinions Socialistes. Ayant souffert de l'indigence, il attendait d'un bouleversement social la revanche des Gueux.

Bien qu'il n'eût point atteint l'âge requis, le Gorsedd (Collège des Druides, Bardes et Ovates d'Armorique) le reçut dans son sein, à Locmariaker, le 10 septembre 1928. A partir de ce jour, son enthousiasme celtique déborda dans sa correspondance et ses oeuvres. Il était Barde, comme l'avaient été tant de Celtes célèbres, dont les noms ne péri- ront pas, Marzin, Taliesin, Gwenc'hlann, Lywarc'h Hen, Ossian, La Villemarqué, Luzel, Le Scour, Prosper Proux, et, plus près, Charles Rolland.

Entre temps, O.-L. Aubert, ayant lu son roman de moeurs cornouaillaises, Alan Kerven, accepta de l'éditer å Ti Breiz de Saint-Brieuc. Le volume, que M. Auguste Dupouy avait revu et préfacé, fut accueilli favorablement par la Presse, et le jeune Auteur en éprouva une légitime fierté. Son nom volait de bouche en bouche dans la Montagne d'Arrée; les journaux de Morlaix, de Rennes et de Brest inséraient ses Chroniques, en les rétribuant. Le petit Abgrall, entouré de son Rêve mais escorté de l'Ankou,